Rédigé le : 11 Juillet 2019 Par : Melchior Burin des Roziers
Partons à la découverte d’un quartier atypique, le traditionnel Mellah des populations juives de Marrakech. Il a été récemment rénové sur ordre du roi Mohammed VI, afin de “préserver la mémoire historique des lieux” et “développer la vocation touristique de Marrakech”. Symbole de tolérance, le quartier reprend vie et a retrouvé toute la splendeur de son héritage juif.
La fondation de la ville de Marrakech vers 1070 par Youssef ben Tachfine coïncide avec l’arrivée des premiers juifs dans la région. Le souverain les autorise à s’installer dans la cité qui devient la capitale d’un empire qui s’étend jusqu’en Espagne et au Portugal.
En 1492, après avoir connu ères de paix et moments de persécutions, les Juifs subissent le Décret de l’Alhambra : dans une logique de christianisation de l’Espagne, il faut choisir entre la conversion et l’exil. Beaucoup choisiront l’exil. On assiste alors à un exode massif de Juifs d’Espagne en Europe occidentale ainsi qu’en Méditerranée. C’est dans ce contexte que Marrakech voit se bâtir une importante communauté juive en son sein.
1557 : le sultan saadien Moulay Abdallah exige la création d’un “mellah” dans la ville ocre, autrement dit un quartier prévu pour les Juifs comme il est de coutume d’en voir émerger dans les différentes villes du pays. Celui de Marrakech devient au fil des ans le plus important du Maroc. A l’ombre du palais royal, ce quartier bénéficie de la protection et de la sécurité du sultan qui utilise très largement les talents commerciaux et artistiques de ses sujets juifs afin d’enrichir et embellir la ville.
Pendant sa période faste, Marrakech rassemblait 30 000 Juifs et 35 synagogues. Aujourd’hui, seulement deux d’entre elles sont encore debout : la synagogue Slat al Azama et la synagogue Joseph Bitton, à deux pas du Palais Badi et des tombeaux saadiens.
Avec la création de l’Etat d’Israël en 1948, la grande majorité des Juifs ont quitté les lieux. Seule une petite communauté de moins de 200 personnes, souvent très âgée, y vit encore et toujours en bonne harmonie avec leurs voisins musulmans.
Les renaissance du quartier de Mellah
Rebaptisé Essalam (“la paix” en arabe) il y a plus de vingt ans, le quartier a repris son nom originel en 2017 : “El Mellah“ (“sel” en hébreux et arabe) d’après une initiative du roi. De même, les ruelles couleur ocre ont retrouvé leurs noms hébreux. La plaque de la synagogue retrouve son inscription “Talmud Thora”.
Tout le quartier a été entièrement restauré, jusqu’à son souk aux épices et pour le grand plaisir des touristes qui accourent pour s’imprégner de cette ambiance si particulière. Deux autres souks couverts se tiennent quotidiennement dans le quartier : le souk aux vêtements et aux tissus (pour djellabas et ameublement) ainsi que le souk aux bijoux, séparé des deux autres et situé dans une petite cour rectangulaire de l’autre côté de la rue Riad Zitoun Jdid. Vous aurez largement de quoi faire votre petit marché au milieu de toutes les variétés qui vous seront proposées. Jadis, le souk des bijoutiers du Mellah était un endroit-clé du trafic d’or et de bijoux dérobés aux quatre coins du monde.
De manière générale, si les souks du Mellah sont bien plus calmes et tranquilles que les autres : vous n’êtes pas totalement à l’abri des arnaques !
Après avoir déambulé dans les ruelles et les souks, après avoir goûté aux différentes pâtisseries et après être entré dans la synagogue du Mellah, passez un moment de silence dans le cimetière juif et son mélange de tombes blanches et ocre, souvent anonymes et abandonnées, dans un décor d’une très grande sobriété.
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